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22/11/2013

L'affaire Taubira et les chrétiens : "ne pas céder au démon aveugle de la vengeance"

Victor Loupan, rédacteur en chef du Messager orthodoxe, nous adresse ces réflexions :



 

<< Le scandale autour des insultes dont est victime le ministre de la justice Christiane Taubira est particulièrement caractéristique de notre monde qui a oublié la parole de Dieu et qui est, de ce fait, dans un profond désarroi. Car les personnes qui se révoltent contre ces insultes rejettent à leur tour ceux qui rejettent Mme Taubira. La boucle est ainsi bouclée.   

Dans l’Evangile selon saint Marc, Jésus dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Et d’ajouter : « Il n'y a pas de commandement plus important que celui-là.» (Marc 12. 28 à 31) A l’époque de Jésus, les pharisiens excluaient déjà certaines catégories de personnes du nombre des « prochains » : l’occupant romain, les étrangers (des gens d’autres nations ou d’autres tribus), les pécheurs notoires qui menaient une vie débridée, les prostituées, les adultérins, les collecteurs d’impôt, les collaborateurs des Romains. Ainsi, on le voit bien, notre société déchristianisée retombe dans les travers pré-chrétiens. 

Un fort courant migratoire à transformé depuis peu nos villes : des personnes issues d’autres civilisations vivent désormais en nombre à nos côtés. Cela crée des tensions et des conflits. Nous en sommes peut-être parfois les victimes. Mais, quoi qu’il en soit, pour un chrétien tous les hommes sont des prochains, quelle que soit leur origine ou leur couleur de peau.                         

« Faites pour les autres ce que vous voudriez qu'ils fassent pour vous, dit Jésus dans l’Evangile selon saint Luc. Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, pensez-vous avoir droit à une reconnaissance particulière ? Les pécheurs aiment aussi leurs amis. Et si vous faites du bien seulement à ceux qui vous en font, pourquoi vous attendriez-vous à de la reconnaissance ? Les pécheurs n'agissent-ils pas de même ? » (Luc 6. 31 à 33)                               

Le Christ est mort en croix pour nos péchés. Nous l’avons oublié. Voilà pourquoi nous profanons aujourd’hui Sa parole. Un monde sans Dieu est un monde d’injustice. Ce n’est pas parce que la très clivante loi Taubira a profondément divisé la société française, que nous devons céder au démon aveugle de la vengeance et nous en prendre à Christiane, notre sœur en Christ.

 

Victor Loupan

 

Commentaires

PAS NORMAL

> Il suffit de réfléchir deux minutes à l'Evangile pour comprendre qu'il n'est pas normal qu'une pré-ado de famille catholique puisse crier "la guenon mange ta banane". Par quelque bout qu'on cherche à tourner le problème, cela reste un problème. Et impressionnant.
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Écrit par : Quiniou / | 22/11/2013

IULIU MAINU

> Il fallait avoir une foi comme celle de Iuliu Mainu, Premier ministre roumain arrêté par les communistes en 1947, et mort en prison, pour écrire, au fond de son cachot : "Si les communistes sont renversés chez nous, le devoir le plus sacré de chaque chrétien sera de descendre dans la rue pour les défendre, au risque de sa propre vie, contre la juste fureur des foules qu’ils ont tyrannisées."
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Écrit par : Bougainville / | 22/11/2013

SOEUR EN CHRIST ?

> Si Christiane est bien mon prochain (au sens évangélique car je n'ai pas eu l'occasion de me faire proche d'elle, ni physiquement ni par ma pensée) est-elle pour autant ma "sœur en Christ" selon la formule finale de M. Loupan ? Mais qui est donc cette personne que je peux appeler mon frère ou ma sœur en Christ ? Est-ce une formule toute faite pour désigner le prochain, ou peut-on faire une distinction de nature selon l'Ancien ou le Nouveau Testament ? Et dans ce cas ce qualificatif, qui se veut fraternel, s'applique-t-il à Mme Taubira ?
Dans l'Ancien Testament, la fraternité désigne tour à tour un proche parent par le sang ou l'alliance, un membre d'une même tribu ou du même peuple, celui qui croit au même Dieu ou qui est adepte d'une même sagesse...voire à l'Humanité toute entière selon certaines interprétations de la Genèse.
Mais il s'agit d'une fraternité en Christ, alors tournons-nous vers le Nouveau Testament.
Dans celui-ci, il s'agit en premier lieu (par exemple pour Pierre, Étienne ou Paul de la manière de s'adresser aux Juifs, les fils d'Israël, dans un appel à la conversion. Il s'agit également d'étendre cette fraternité aux disciples du Christ et à tous ceux qui partage la foi chrétienne ou qui se dispose à la recevoir ("quiconque fait la volonté du Père qui est dans les Cieux..." ainsi que le dit Jésus lui-même).
Si je suis d'accord avec la conclusion de M. Loupan sur la juste conduite à tenir lorsqu'on se réclame du Christ et de son Évangile (cf. la demande du Notre Père sur la rémission des dettes – offenses – sans condition), je suis plus circonspect quant à l'utilisation de la formule "sœur en Christ" pour Mme Taubira, vous l'aurez bien compris !
"Sœur en Humanité" aurait bien suffit surtout à propos d'insultes procédant d'une "reductio ad bestiam" de la personne insultée...
Petit clin d'œil à M. Loupan : je m'étonne qu'il n'en ait pas profité pour lancer une pique à l'U.E.
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Écrit par : J.-L. Leroy-Bury / | 22/11/2013

> Merci de nous transmettre ces mots si évangéliques.
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Écrit par : Edmée Cazanoles / | 22/11/2013

@ Quiniou

> Pas normal, peut-être. Pourtant, ce n'est pas excessivement éloigné de la norme de nombreux comportements des pré-ados.

Il suffit d'en fréquenter quelques-uns dans leurs lieux habituels pour vite se rendre compte qu'il leur arrive plus que fréquemment d'échanger des remarques et des qualificatifs qui ne brillent ni par leur finesse ni par leur adhésion au code moyen de bonne conduite entre individus respectables !

En de nombreux lieux on entend même infiniment bien pire de la part des pré-ados.

Autrement dit, s'il ne faut bien évidemment pas promouvoir la "pensée" de cette pré-adolescente ni en faire une héroïne de la résistance, il ne faut pas non plus, à l'inverse, en faire une épouvantable transgresseuse ni une criminelle d'Etat.

Le journaliste qui passait par là et qui a capté, un peu par hasard, ces propos dignes d'une cours de récré de CP, a donné de la résonance et une ampleur imméritée à ce qui était, somme toute, quelque chose de local, de très marginal, de non significatif, de très sot et de très infantile.

L'ampleur donnée à cette affaire est tristement symptomatique, non d'un racisme latent et/ou terriblement dévastateur qu'on voudrait faire croire, mais bien des tendances récupératrices du microcosme biaisant le débat social et toujours promptes à camoufler à l'aide d'écrans de fumée les vrais problèmes et les vrais désordres.

Il n'empêche, la parole de l'Evangile et les valeurs que celui-ci délivre devraient servir de modèle constant en matière de regard porté sur autrui, en particulier à quiconque se réclame du qualificatif de chrétien. Mais, dans une société déchristianisée, labourée par un laïcisme offensif et parfois forcené prétendant dicter sa pensée unique et ses valeurs contradictoires, ce n'est pas toujours aussi évident...
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 23/11/2013

à R. de Coucy

> Ce n'était pas une pré-ado standard mais l'enfant d'une famille catholique engagée. En milieu chrétien le climat exclut des propos pareils en principe. Aucune des familles catholiques que je connais, et j'en connais pas mal, ne laisserait ses jeunes enfants tomber là-dedans.
Ne nous empressons pas de disculper tout le monde et de dire que rien n'est arrivé. Si, il est arrivé quelque chose, qui a fait très mauvais effet aux gens, quelque chose qui ne devrait pas pouvoir se passer en milieu chrétien, quelque chose qui a ravi tous les cathophobes, mais que les cathophobes n'ont pas inventée hélas.
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Écrit par : Quiniou / | 23/11/2013

PAS DE MARTYRE

> Vous savez que depuis le début, j'apprécie votre attitude sur cette affaire, celle de presque tous, dirons nous, Plunkett en tête. Et il faut redire clairement à ceux qui tentent un bout de défense que l'on a tous très bien entendu ici, par la bouche de l'enfant, la famille.

Maintenant…il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. On appelle ici à tendre l'autre joue…je ne suis pas sûre que le Christ pensait aux baffes politiques, qui sont quand même l'essence même du jeu démocratique. On n'a pas donné à la rue ce qu'elle demandait. Mais c'est un accident commun ! Ça m'est arrivé bien souvent, à moi, et je ne me suis pas prise pour sainte Blandine pour autant. Les LMPT ne sont pas contents ? Qu'ils fassent ce que nous avons fait après la manif des retraites : se tourner vers l'opposition démocratique, demander à ce que l'abrogation ou la modification soit inscrite dans son programme, et qu'elle en fasse un cheval de bataille pour les prochaines échéances électorales. Nous, ça a très bien marché : demandez à Sarkozy !

Gare à l'effet "cliquet", me direz vous : mais il n'y a d'effet cliquet que quand une majorité de la population veut conserver une loi ! Et dans ce cas, il n'y a qu'à s'y faire. C'est ce que j'ai dû faire, bien des fois.

Il n'y pas de martyre à ne pas voir le pouvoir politique accéder à une demande. Et il n'y a pas plus de scandale à refuser d'écouter la rue quand elle est en loden que quand elle est en bleu de chauffe.
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Écrit par : Haglund / | 23/11/2013

BRISER LE CYCLE

> Très bon texte, merci Victor. Il faut briser le cycle de la violence.
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Écrit par : Rémy / | 24/11/2013

INCOHERENCE

> Pourquoi la petite phrase de l'enfant sur Taubira est-elle révélatrice de la problématique qui sourd au coeur des nombreuses personnes de la MPT ?
Il y a incohérence entre l'ouverture à l'autre sexe et tout réflexe raciste. En effet, biologiquement parlant, le racisme est une régression à la reproduction par clonage, où toute différence est cloisonnante, quand la différence est condition de la croissance de l'espèce humaine.
Alors comment un tel racisme rampant, mais que je ne connais que trop bien, de l'intérieur, continue de prospérer à l'ombre des familles bien pensantes?
Parmi nos bons pratiquants hétéro, combien fantasment en mode homo, ce qui alors échappe au-travers un machisme autorisé; (comment dit-on pour le symétrique féminin? Qui existe aussi), comme un racisme néo-colonialiste.
S'ils acceptent la différence sexuelle, c'est dans un but utilitariste où l'autre est rabaissé au rang de moyen -de reproduction ou de récompense méritée, d'exercice "légitime" d'une mâle ou femelle autorité,...- c'est-à-dire au fond pour la même raison que d'autres revendiquent une homosexualité consumériste- approche qui ne représente pas toutes les formes d'homosexualité -.
Dans les deux attitudes il y méconnaissance et mépris du mystère de l'autre, à qui l'on assigne d'autorité un rôle, différent certes selon qu'on est pro ou anti mariage gay, mais où l'on se retrouve dans cette même négation de la différence comme altérité pure qui invite au regard amoureux, c'est-à-dire oblatif, altérité qui ne peut-être réduite à la seule complémentarité utilitariste.
Tout réflexe identitaire est tentation, face à un danger, au repli régressif au pré-sexuel, à l'indifférencié, d'individus clonés: individualistes libéraux comme identitaires religieux: même bonnet rouge de petits clones manipulés par leurs peurs.
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Écrit par : Anne Josnin / | 25/11/2013

BON SENS

> Et le bon sens devrait nous donner à penser qu'il y a plus à gagner à prier pour son ennemi (sa conversion) qu'à l'invectiver ... Même si on peut penser qu'il le mérite, cela peut soulager ; mais ne mène à rien ou plutôt risque à mener à un durcissement des positions.
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Écrit par : franz / | 25/11/2013

@ Anne Josnin :

> Anne Josnin, vous êtes une personne de qualité, et de grande finesse (je vous reparlerai bientôt de votre article sur le libéralisme, mais là, je croule sous les copies).
On peut d'autant plus vous demander de surveiller ce que vous écrivez. Votre réduction (courante, hélas) de l'homosexualité à la négation de l'altérité est inadmissible, malgré les précautions dont vous l'entourez. Voulez vous bien 30 secondes vous imaginer lesbienne, et relire ce que vous avez écrit ? Les catholiques peuvent ils tous, tant qu'ils sont, se souvenir que les homosexuels, les femmes qui ont avorté et et les musulmans — à ne prendre que ceux qui lisent régulièrement les pires choses sur eux — savent lire, et vont sur internet ? Pouvez vous imaginer ce que ressent quelqu'un ici qui lit qu'il est, du fait de son orientation sexuelle, fermé à l'altérité ? Il ne suffit pas qu'il sache que c'est idiot pour s'en sortir indemne.
Roudinesco, clinicienne et humaniste, a trouvé un joli mot pour parler des couples homosexuels; ils ont, dit-elle, autant accès que les hétérosexuels à l'altérité. Mais c'est…"une autre altérité". Il suffit, pour d'en persuader, d'avoir un peu de coeur — et de connaître des couples homosexuels.

A part ça, vous cherchez au racisme qui éclate dans le résidu de LMPT des explications bien compliquées : le milieu catholique dont il émane est tout simplement d'une droite de plus en plus dure, embourgeoisé qu'il est, vieillissant, et fortement aigri par la perte de sa primauté. Et cette droite est xénophobe et raciste — islamophobe, aussi, parce qu'elle n'ose plus être antisémite.

J'ajouterais : lâchez nous un peu avec le consumérisme sexuel. Qu'il se pratique chez les Charles-Hubert et les Anne-Sophie du milieu précédemment évoqué, je ne le sais que trop. Mais que ce soit le lot de la population française dans son ensemble…plus on descend dans l'échelle sociale, plus la misère sexuelle accompagne les autres misères. Parmi les très jeunes gens que je connais, il n'y a guère de consumérisme sexuel. Il leur faudrait pour ça ce dont ils rêvent : une piaule à eux.
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Écrit par : Haglund / | 25/11/2013

@ Haglund

> On peut retourner le commentaire :
"Pouvez vous imaginer ce que ressent quelqu'un ici qui lit qu'il est, du fait de son milieu social, fermé à l'altérité ethnique? qu'on ne sait que trop qu'il pratique le consumérisme sexuel du fait qu'il appartient à un milieu où l'on se nomme Charles-Hubert et Anne-Sophie.
Il ne suffit pas qu'il sache que c'est idiot pour s'en sortir indemne"

tu vois, on tourne en rond.
parce qu'on n'en reste qu'aux apparences.
Si tu crois que les milieux populaires admettent l'homosexualité...

"Les catholiques peuvent ils tous, tant qu'ils sont, se souvenir que les homosexuels, les femmes qui ont avorté et et les musulmans (...) savent lire, et vont sur internet ? "

Bcp d'entre nuos viennent en aide aux personnes évoquées ci-dessus.
et les cathos pratiquants, qui sont moins de 10% de la population en France y représentent la majorité des bénévoles.

La vérité ce n'est pas la même chose que le cliché, tu le sais bien.
bonne chance pour tes copies (quelle matière ?)
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Écrit par : E Levavasseur / | 25/11/2013

PRECISIONS

> Excusez-moi pour ce post oui incohérent: écrit à la hâte sur un écran qui bugge, c'est de fait un texte à trous. Cela me donne l'occasion, chère Haglund, de préciser ma pensée. Et tout d'abord oui, je suis d'accord avec vous: qui dit homosexualité ne dit pas nécessairement refus de l'altérité. Ce peut même être le contraire.

Ce que je cherche à dire, c'est que ,derrière l'incohérence apparente entre une certaine apologie de l'hétérosexualité - unique condition d'ouverture à l'altérité?- et des insultes racistes -qui nous ramènent au modèle reproductif à l'identique, comme par clonage-, je vois une cohérence des profondeurs.

On retrouve chez beaucoup de défenseurs un peu trop zélés de l'hétérosexualité une méconnaissance-mépris de l'autre sexe, qui est envisagé essentiellement comme complément utile pour les tâches domestiques, reproduction comprise. L'autre n'est donc pas vu dans son altérité irréductible, mystère d'émerveillement qui nous invite à la contemplation désintéressée, mais uniquement comme moyen pour me mettre dans l'illusion d'une auto-suffisance, d'une complétude, fût-elle à deux, qui nous ramène au même ego-centrisme que celui prôné par la société libérale.

Cette société oui promeut le consumérisme sexuel largement pratiqué par "l'élite" -homosexuelle ou hétéro: on est là -haut en telle indifférenciation que nos pauvres critères, à nous d'en bas, n'y ont je crois plus cours depuis longtemps-,une consommation de l'autre qui le réduit en simple moyen de jouissance, en sex toy, chosification d'autrui qu'elle voudrait étendre comme règle à l'ensemble de la société.

On retrouve donc là pratique masturbatoire: "c'est moi que j'aime à travers vous". Or n'est-ce pas là aussi le fantasme des patriarcats et matriarcats traditionnels, que de rabaisser l'autre à simple esclave au service de mon ego tout-puissant? L'autre sexe n'est vu que comme une extension extériorisée de mon moi, individu-idole, d'où la nécessité qu'il me soit le plus identique possible, mon miroir: même race, même culture, mêmes goûts, ... ce que l'on retrouve en sous-jacent dans l'éducation de beaucoup de bourgeois catho.

Le refus de la différence de couleur, comme la volonté de contrôler la différence sexuelle en maintenant l'autre dans un rôle que je lui assigne, sont deux négations de l'altérité, (donc ultimement de Dieu, le "tout autre"). Il n'est pas étonnant en ce sens de retrouver chez certains des plus ardents défenseurs du mariage traditionnel des symptômes d'homosexualité refoulée, en Narcisse ou surhomme (on retrouvait les mêmes distorsions dans l'élite nazie).

Qu'il est long le chemin du renoncement à posséder l'autre, qu'il est ardu le sentier de l'amour véritable, qui nous fait abandonner une à une toutes nos prétentions sur autrui pour nous faire gardiens amoureux de son mystère inviolable, de sa liberté d'être et d'agir, non pour nous, non pour la société, mais pour la joie du Créateur qui seul peut avoir prétention sur ses créatures - et qui pourtant n'oblige pas!-!
Et l'autre, dans cet espace de liberté dont je me fais le gardien, peut se réaliser comme projet original et donc imprévisible. "Ma vie nul ne la prend mais c'est moi qui la donne". Alors et alors seulement l'autre peut à son heure se donner en liberté, moi le recevoir comme personne humaine. Non pour trouver dans cette union une complétude qui me manque, mais pour m'ouvrir davantage encore en désir inassouvissable de Celui-là seul qui peut me, nous combler.

Tout désir d'autosuffisance humaine, que ce soit par l'union hétérosexuelle,- dans une vision pseudo-chrétienne qui laisse place à une altérité récupérée, comme dans un paganisme identitaire au racisme assumé-, ou par l'union homosexuelle, est idôlatrie. Il n'est d'amour véritable que dans le renoncement à l'autre par où il peut alors s'ouvrir à sa liberté de personne apte à se donner. Et, dans cette confluence de nos renoncements à saisir le mystère de l'autre, mais par nos misères-béances mutuellement portées, soignées, nous devenons frères- mendiants de Dieu.
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Écrit par : Anne Josnin / | 25/11/2013

@ Anne Josnin :

> A la bonne heure ! Je me disais : si elle aussi s'y met !
Là, je ne vois rien à redire à votre post (vous écrivez très bien) sauf quelque chose qui me chiffonne (sans qu'on puisse vous le reprocher) : vous voyez souvent dans la sexualité (surtout à l'époque moderne) une myriade de pulsions mortifères et un bien étroit et fragile sentier de salut. Attention : ce sont tous les ingrédients d'un puritanisme.

A bientôt !
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Écrit par : Haglund / | 25/11/2013

@ Anne, Haglund, Eric…

> Vous ai-je bien lu ? Vos commentaires, en tout cas, me confirment dans l’idée que nous devons nous méfier du néo-catharisme et du narcissisme des « purs », qui ne trouvent et rencontrent plus personne à force de se chercher et de se rêver, et nous feraient presque oublier que le Tout-Autre nous parle à travers le conjoint, l’enfant, le parent, l’ami, le voisin, le collègue… l’ange gardien (trop souvent oublié)*, etc.

Ces proches et ces relations du quotidien qui, parfois, nous remuent ou nous blessent (pas l’ange gardien !). Et nous conduisent quoi qu’il arrive à bénir l’incarné, à bénir l’altérité qui tisse nos existences, surtout en cette heure où le mépris du corps, les passions mimétiques et jalouses de l’âme et l’indifférencié de genre sont gros de violences ! Le but étant, au bout du chemin, d’aimer comme Dieu nous le demande !

* Cadeau à tous, cette prière simplissime à l’ange gardien (de Mgr Jean Calvet), qui fait du bien : « Saint Ange de Dieu, mon frère et mon ami, gardien de mon corps et de mon âme, je te supplie d’écarter de moi tout péril et toute tentation. Réchauffe mon amour de la Très Sainte Trinité, qui m’a confié à toi, et conduis-moi sur le chemin du salut, jusque dans la vie éternelle. Amen ! »
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Écrit par : Denis / | 26/11/2013

@Haglund

> Pour faire assez court sur l'altérité : pour aller vers l'autre (la différence) il faut une certaine confiance en soi, une certaine solidité. Si l'on ne sent pas assez fort, si l'on a été trop blessé; ce modèle d'altérité peut sembler trop loin ou trop dangereux. Encore une fois, jamais le chrétien ne condamne l'homosexuel, mais seulement l'homosexualité. Que certains y trouve [croient y trouver ?] un équilibre, c'est une affaire où l'empreinte subjective a sa place. Par contre vouloir affirmer que c'est un modèle tout aussi valable que l'hétérosexualité, est un pas que franchit la loi Taubira et que aucune religion ne franchit, que la majorité des philosophes récusent. Ne serait-ce que parce que cette "alliance" se heurtera à la frustration de ne pouvoir être féconde.

D'où la volonté dans la loi Taubira non seulement d'une reconnaissance civile mais d'avoir les mêmes "droits" que ceux dérogés aux couples hétérosexuels souffrant d'une anomalie de fertilité, au mépris du sort de l'enfant (attention je ne parle pas de capacité d'éducateur, cela n'est pas mis en cause, simplement hors sujet).
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Écrit par : franz / | 26/11/2013

@ Levavasseur (à tout seigneur, tout honneur !)

1) On peut infliger des blessures profondes dans ces milieux là, en parlant de xénophobie et de tartufferie ? Bon Dieu ! Ne me tente pas !
En tous cas, si les apparences sont trompeuses, et qu'on baise moins que je ne crois dans les beaux quartiers, comme je maintiens que les autres n'en ont guère le temps ou l'énergie, je t'annonce une grande nouvelle : le consumérisme sexuel, c'est du flan.
Le pape François a raison : parlons d'autre chose.

2) "…populaires…" : ni plus ni moins que les autres. Les militants qui cherchent à faire reculer l'homophobie te le diront : là, où c'est mission impossible, c'est chez les croyants de toute obédience. Terrible constat d'échec pour les églises.

3) "…les cathos pratiquants…" : d'abord, il ne sont pas moins de 10 %, mais moins de 5%. Et pour l'engagement…auprès des femmes qui ont avorté, ton pape (hier…) a l'air de trouver que le bilan est moyen; pour les musulmans (et non les immigrés) le dialogue interreligieux ne provoque pas de bousculade; et pour les homosexuels…je suis d'une distraction ! c'est quoi, déjà, le militantisme catholique auprès des homosexuels ? Une pastorale, ce serait déjà ça…

4) je ne suis pas sûre de toutes façons que tout le bénévolat de la terre compense les dégâts d'une insulte. Pour le jugement dernier, je ne suis pas compétente, mais ici et maintenant, sûrement pas.

5) merci pour les copies. De français. Tu m'offenses ! Tu avais donc des doutes ???

Allez, j'y retourne ! A plus.
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Écrit par : Haglund / | 27/11/2013

CONSUMERISME

> Haglund : "le consumérisme sexuel, c'est du flan." ???
Je vous assure que c'est une réalité, qui n'a rien à voir avec un quelconque milieu social. "Ce soir je chope", ce n'est pas un mythe mais du vécu, du re-vécu, du re-re-vécu.

Dans les faits, c'est peut-être moins glorieux que dans les paroles, mais l'intention est bien là, et ancrée bien profondément.

Mais vous avez raison, là n'est pas le sujet, passons à autre chose.
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Écrit par : PMalo / | 28/11/2013

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